La culture samie, également connue sous le nom de culture sámi ou culture lapone, est la culture des peuples autochtones de la Laponie, qui sont appelés les "Samis" ou les "Lapons". Ce dernier terme étant péjoratif pour ce peuple car il a été utilisé par des étrangers pour les désigner de manière méprisante et signifie « porteur de haillons ». Les Samis sont une population indigène qui habite la région de la Laponie depuis des milliers d'années, répartie entre la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie.
La culture samie, ou same, est riche et diversifiée, avec sa propre langue, sa musique, ses coutumes et ses traditions. Les Samis sont connus pour leur lien étroit avec la nature et leur mode de vie nomade traditionnel, qui impliquait la transhumance des troupeaux de rennes et une forte dépendance à la chasse, à la pêche et à la cueillette.
Leur territoire :
De nos jours, on compte encore un peu plus de 80 000 Samis répartis sur ces quatre territoires et ils répresentent le dernier peuple indigène en Europe. Leur territoire est appelé "Sápmi". Les Samis ne conçoivent pas le territoire de la même manière que nous, occidentaux, et ils n'utilisent pas de cartes. Dans leur conception du territoire, ils se répèrent dans la nature car chaque élement comme une rivière, une montagne fait écho à un souvenir par exemple et possède son propre chant joik. En effet, l'élevage de rennes est au cœur de la culture samie, et les Samis ont développé une connaissance intime et détaillée de leur territoire à travers des millénaires de vie nomade en tant que pasteurs de rennes. Cette connaissance s'est transmise de génération en génération et repose sur des repères naturels tels que les rivières, les montagnes, les collines et les marais, plutôt que sur des cartes géographiques formelles.
Cela explique pourquoi les Samis n'aiment pas les cartes géographiques, qui représentent souvent une vision statique et simplifiée du territoire, et qui ne tiennent pas compte de la complexité de la relation entre les êtres humains et leur environnement. Les cartes géographiques peuvent également ne pas refléter les connaissances locales et les traditions orales samies, qui ont souvent été ignorées ou dévaluées dans la représentation officielle du territoire.
Au fil des saisons
En parlant de Nature, ils ne possèdent pas comme nous quatre saisons. Les Sames ont traditionnellement divisé leur année en huit saisons distinctes, plutôt que les quatre saisons plus courantes dans d'autres cultures. Cette division du temps est basée sur l'observation minutieuse des cycles naturels, tels que la croissance des plantes, les migrations des animaux et les changements climatiques saisonniers, qui ont une grande importance pour la vie des Sames, en particulier pour leur élevage de rennes.
Les huit saisons traditionnelles samies sont :
Gohkkes (la saison froide et sombre) : de novembre à janvier
Tjaktjakes (la saison froide et lumineuse) : de février à mars
Gijrras (la saison de la fonte des neiges) : de fin mars à mai
Geasseluodda (la saison de la renaissance) : de mai à début juin
Gieđa (la saison estivale) : de juin à début août
Gåvnnå (la saison des baies) : d'août à septembre
Gidágiesse (la saison de la chute des feuilles) : de septembre à octobre
Skábma (la saison obscure) : de début novembre à fin décembre
Chaque saison est caractérisée par des conditions climatiques spécifiques, des activités saisonnières et des traditions culturelles, ainsi que par des changements dans le comportement des rennes et d'autres animaux sauvages. Cette division du temps en huit saisons permet aux Sames de mieux comprendre et de s'adapter aux changements de leur environnement naturel, tout en reflétant leur lien profond et respectueux avec la nature.
Leurs dialectes
Chez les Samis, il existe 9 dialectes différents non établis selon les frontières des différents pays qu'ils occupent, si bien que les sames présents dans le nord du territoire ne peuvent comprendre ceux du sud. Le vocabulaire utilisé dans le language Same se limite à la vie quotidienne, c'est-à-dire aux rennes, à la pêche, la nature, l'art etc. Voici quelques mots en Same qui n'ont leur équivalent en français qu'avec une expression :
"Tjuvjobahka" : ce mot sami signifie "rivière des voleurs" et fait référence à un lieu géographique spécifique dans la région de Jokkmokk, en Suède. C'est un exemple de mot qui est difficile à traduire car il est associé à une histoire ou une légende locale.
"Vuostá" : ce mot sami fait référence à la neige fraîchement tombée, qui peut être difficile à déplacer et à marcher dessus.
"Giehta čieza" : cette expression samie peut être traduite littéralement par "le dos du vent", mais elle est souvent utilisée pour décrire une sensation de fraîcheur ou de froid intense qui accompagne le vent.
"Gávcci viggen sávrri" : cette expression samie signifie littéralement "le renne qui regarde l'eau", et elle est utilisée pour décrire un renne qui se tient près d'un plan d'eau ou d'une rivière en train de boire ou de se nourrir.
Ces expressions samies montrent la richesse et la poésie de la langue same, qui peut décrire les aspects les plus intimes et les plus profonds de la vie dans les régions du Grand Nord.
Les dialectes sames sont en danger car ils sont parlés par une petite population dispersée dans une région géographique étendue. Le same est une langue minoritaire parlée principalement en Norvège, en Suède, en Finlande et en Russie par environ 20 000 à 30 000 personnes, ce qui représente une communauté relativement restreinte.
De plus, les dialectes sames sont menacés par la pression des langues majoritaires des pays dans lesquels ils sont parlés, en particulier le suédois, le norvégien, le finnois et le russe. De nombreux Samis parlent également plusieurs de ces langues, ce qui peut réduire l'usage et l'apprentissage du same.
En outre, le développement économique et social de la région arctique où vivent les Samis a entraîné un déclin de la pratique de l'élevage de rennes, qui est étroitement liée à la culture samie et à la transmission des dialectes sames. Les jeunes Samis sont souvent plus enclins à poursuivre des études et des carrières en dehors de leur communauté, ce qui peut contribuer à une perte de transmission des dialectes sames entre les générations.
En conséquence, les dialectes sames sont considérés comme en voie d'extinction et de nombreux efforts sont en cours pour préserver et promouvoir leur usage, tels que des programmes d'enseignement et des initiatives pour encourager les Samis à parler leur langue maternelle. Malgré ces efforts, il est crucial de continuer à sensibiliser les gens à l'importance culturelle et linguistique des dialectes sames pour la préservation de l'héritage sami et de la diversité linguistique globale.
Des chamans avant le christianisme
Les croyances des Sames incluent souvent l'idée que tout dans la nature possède une âme, une forme d'esprit ou une énergie vitale. Cette croyance est souvent appelée "anima" en sami et elle est un élément central de la cosmologie samie.
Selon cette croyance, les animaux, les plantes, les rochers, les rivières et les montagnes ont tous une âme et sont connectés les uns aux autres dans un système complexe d'interdépendance. Cette idée est souvent exprimée par le concept sami de "saivo", qui est une sorte de monde spirituel ou de source d'énergie vitale qui existe en relation étroite avec le monde physique.
La religion traditionnelle des Sames, comme celle de nombreux peuples autochtones, impliquait des pratiques chamaniques. Les Sames croyaient en de nombreux esprits, y compris des esprits des animaux, des esprits de la nature, des esprits ancestraux et des esprits du monde des morts. Les chamanes jouaient un rôle important dans la communication avec ces esprits et dans la guérison des maladies et des blessures.
Les chamanes samis étaient appelés "nōaidi" en langue sami. Les nōaidi étaient respectés pour leur capacité à communiquer avec les esprits et à utiliser leurs connaissances pour aider la communauté. Les nōaidi étaient souvent considérés comme des guérisseurs, des conseillers et des médiateurs entre les gens et les esprits.
Certains des rituels les plus courants des Sames étaient liés à la communication avec les esprits et à la guérison des maladies. Les chamanes jouaient un rôle important dans ces pratiques, utilisant souvent le tambour et la transe pour entrer en contact avec les esprits.
Cependant, avec l'arrivée du christianisme en Laponie au XVIIIe et XIXe siècles, la pratique chamanique a été supprimée et les nōaidi ont été persécutés. Beaucoup de connaissances et de pratiques traditionnelles ont été perdues à cause de cela, mais au cours des dernières décennies, il y a eu un regain d'intérêt pour la culture et les traditions samies, y compris pour la pratique chamanique. Aujourd'hui, il y a des personnes qui se considèrent comme nōaidi et qui cherchent à préserver cette tradition.
L'importance de la musique
La musique a une grande importance dans la culture et la vie quotidienne des Sames. La musique traditionnelle samie est souvent basée sur des chants et des joiks, qui sont des chants de gorge uniques aux Sames.
La musique samie est souvent utilisée pour exprimer des émotions, raconter des histoires, célébrer des événements importants de la vie et se connecter avec la nature et les esprits. Les joiks peuvent être des portraits de personnes, d'animaux ou de lieux, et ils sont souvent utilisés pour exprimer une connexion émotionnelle avec ces entités.
La musique samie est également un élément important de la vie spirituelle des Sames, en particulier dans les pratiques chamaniques traditionnelles. Les chamanes utilisaient souvent des tambours pour entrer en transe et communiquer avec les esprits, et la musique était un élément clé de cette pratique.
De nos jours, la musique samie continue d'être importante pour la communauté samie et elle est de plus en plus reconnue dans le monde entier. Les musiciens samis contemporains mélangent souvent la musique traditionnelle avec des styles modernes pour créer de nouvelles formes d'expression musicale. La musique samie est également devenue un moyen important pour les Sames de préserver et de promouvoir leur culture et leur identité.
Le mariage chez les samis
Dans certaines cultures samies, la cour et la séduction pouvaient se faire de manière très discrète, voire tacite. Les garçons pouvaient manifester leur intérêt pour une fille en lui offrant des cadeaux. Cependant si la jeune fille était courtisée par plusieurs garçons, elle devait rendre les cadeaux offerts par ces derniers et ne conserver que celui de l'élu de son coeur.
Il existe aussi une légende relatant qu'un garçon, nommé Aslak, était amoureux d'une fille nommée Solveig, mais il était trop timide pour lui avouer ses sentiments. Un jour, alors qu'ils se promènent ensemble, Solveig enlève une de ses moufles pour réparer un fil cassé. Aslak voit là une opportunité de prouver son courage et sa force à Solveig en volant sa moufle sans qu'elle ne s'en aperçoive. La suite de l'histoire varie selon les versions, mais généralement, Aslak doit affronter une série d'épreuves pour rendre la moufle à Solveig et gagner finalement son amour. Cette légende est considérée comme une allégorie de la quête de l'amour et de la bravoure, ainsi que de la valeur de la patience et de la persévérance dans la culture samie.
Le mariage dans la culture samie traditionnelle se faisait souvent entre deux familles et pouvait être arrangé par les parents des futurs mariés. Les mariages étaient souvent célébrés pendant les fêtes traditionnelles ou les grandes occasions communautaires, et impliquaient souvent des rituels et des coutumes spécifiques.
Pendant la cérémonie de mariage, il était courant que les mariés portent des costumes traditionnels, tels que le gákti, une tenue samie ornée de broderies colorées et de motifs complexes. Les cérémonies pouvaient également inclure des danses traditionnelles, des chants et des poèmes, ainsi que des banquets et des festins.
Dans la tradition samie, il était courant que les familles échangent des rennes ou d'autres biens lors du mariage, en guise de cadeau ou de contribution à la nouvelle vie des jeunes mariés. Cependant, cette pratique n'est plus systématique de nos jours et dépend de chaque famille et de chaque mariage. Aujourd'hui, de nombreux Samis se marient selon des pratiques modernes plus courantes, et de nombreux aspects de la culture traditionnelle du mariage ont été perdus.
Hisser leurs couleurs
Le drapeau sami, également connu sous le nom de "Sámi soga lávlla" en langue samie, a été conçu en 1977 par le sami artiste et activiste Astrid Båhl. Il représente la culture et l'identité samies, ainsi que leur lutte pour la reconnaissance et les droits.
Le drapeau se compose de trois couleurs : le bleu, le rouge et le vert. Le cercle rouge au centre du drapeau représente le soleil, qui est un symbole important dans la culture samie et qui est associé à la vie, la lumière et la chaleur. Les huit rayons qui partent du cercle rouge représentent les huit saisons traditionnelles samies, telles que décrites dans la réponse précédente.
Le bleu symbolise l'eau, la mer, les rivières et les lacs, qui sont des éléments clés de l'environnement naturel sami. Le vert représente la terre, la nature et les forêts, tandis que le rouge symbolise le feu, le sang et la vie.
Le drapeau sami est un symbole important de l'identité samie et de leur lutte pour la reconnaissance et les droits. Il est largement utilisé dans les événements culturels et politiques samis, ainsi que dans les manifestations pour les droits des peuples autochtones et la protection de l'environnement.
L'évolution des samis
Traditionnellement, l'élevage de rennes a été une activité centrale pour les Sames, qui ont pratiqué la transhumance pendant des siècles pour suivre les mouvements des troupeaux. Cependant, ces dernières décennies, les Sames ont dû faire face à de nombreux défis liés à l'évolution de la société et de l'environnement.
Aujourd'hui, le nombre de Sames impliqués dans l'élevage de rennes a considérablement diminué. Selon les statistiques, environ 10% des Sames sont encore éleveurs de rennes à temps plein. Les raisons de cette baisse sont multiples : changements climatiques, urbanisation, développement économique et éducation, entre autres.
De nombreux Sames se sont donc tournés vers d'autres activités, comme l'artisanat, le tourisme, l'enseignement ou les services publics, pour subvenir à leurs besoins. L'artisanat, notamment le Duodji, est une activité importante pour les Sames, qui ont pu développer de nouvelles techniques et de nouveaux styles pour répondre aux besoins du marché. Dans le Duodji, chaque objet doit avoir une fonction et ne pas être seulement un objet décoratif.
Le tourisme est également devenu une source de revenus importante pour les Sames. Les Sames ont donc développé des offres touristiques pour répondre à la demande, notamment des visites de troupeaux de rennes, des safaris, des spectacles traditionnels et des expériences culturelles.
Cependant, la transition vers de nouvelles activités n'a pas été facile pour tout le monde, et certains Sames ont connu des difficultés financières et sociales. La communauté samie continue donc à lutter pour préserver sa culture et son identité tout en s'adaptant aux défis de l'époque.
L'utilisation des motoneiges a été une évolution logique pour les éleveurs de rennes samis, qui doivent faire face aux changements climatiques et aux conditions environnementales difficiles dans certaines régions. Les hivers sont plus courts et plus doux qu'auparavant, ce qui rend difficile l'utilisation de traîneaux à chiens traditionnels pour se déplacer sur la neige et la glace.
La motoneige est une alternative pratique pour les éleveurs de rennes qui doivent se déplacer rapidement et efficacement dans les zones de pâturage, notamment pendant les périodes de migration. Elle est également utile pour transporter des fournitures et du matériel lourd, et pour les interventions d'urgence en cas de maladies ou de blessures chez les rennes.
Les difficultés rencontrées par les samis
Les Samis sont confrontés à plusieurs difficultés aujourd'hui, notamment la préservation de leur culture et de leur langue. La culture et la langue samies sont en danger en raison de l'assimilation forcée et de la marginalisation que le peuple a subies pendant des siècles. De plus, la mondialisation et la modernisation ont également un impact sur la préservation de leur culture.
Les Samis sont également confrontés à la perte des terres et des ressources naturelles. Ils font souvent face à des défis liés à la propriété des terres et des ressources naturelles, notamment en ce qui concerne la gestion et l'utilisation des terres de pâturage pour leurs troupeaux de rennes.
Les pressions économiques et environnementales sont également un défi pour les Samis. De nombreux Samis sont confrontés à des pressions économiques et environnementales, notamment en raison de la concurrence avec l'industrie minière, forestière et énergétique. Les changements climatiques ont également un impact sur la disponibilité des ressources naturelles pour les Samis.
Enfin, les Samis sont souvent victimes de discrimination et de racisme. Ils sont confrontés à des difficultés liées à l'accès à l'emploi, à l'éducation et aux services de santé.
Ces défis ont un impact sur la vie des Samis aujourd'hui, leur bien-être et leur capacité à préserver leur culture et leur mode de vie traditionnels. Cependant, les Samis continuent de travailler pour surmonter ces difficultés et défendre leurs droits en tant que peuple autochtone.
En conclusion, le peuple sami est un peuple autochtone ayant une culture riche et unique, qui a été confronté à de nombreux défis au fil des siècles. Malgré la marginalisation, l'assimilation forcée et les pressions économiques et environnementales, les Samis ont travaillé pour préserver leur langue, leur culture et leur mode de vie traditionnels.
Aujourd'hui, ils continuent de faire face à des difficultés en termes de préservation de leur culture, de propriété des terres et des ressources naturelles, de discrimination et de racisme. Cependant, les Samis ont également fait des progrès importants dans la reconnaissance de leurs droits et la promotion de leur culture.
Il est important de reconnaître et de respecter la culture et les droits des peuples autochtones tels que les Samis. La préservation de leur culture et de leur mode de vie traditionnels est essentielle pour préserver la diversité culturelle et la richesse de notre monde.
Sources : https://www.grands-espaces.com/decouvertes/qui-sont-les-samis/ / https://fr.wikipedia.org/wiki/Samis / https://puukko.fr/le-peuple-sami-les-puukkos-et-les-grands-espaces/?_sm_pdc=1&_sm_rid=T7LnksGRjHVss5sL0sHr7Wr7sM5QRtksTs0HJr0 / https://legrandnord.org/les-sames/ https://lelanblanc.com/les-samis/